08 août 2014

TUNISIE : Petits… grands entraîneurs

Petits… grands entraîneurs
On ne naît jamais grand entraîneur, on le devient pour diverses raisons. Mais, le reste-t-on toujours? Lecture dans le circuit des entraîneurs tunisiens.
On ne naît jamais grand ou petit entraîneur, c’est une règle que nul ne peut contester. C’est la compétence, mais aussi l’entourage sportif, le club, les dirigeants, les joueurs, la chance, les médias (eh oui, un journaliste et un média peuvent rendre un entraîneur quelconque célèbre et grand!), qui contribuent à le carrière d’un entraîneur et de son statut. En basket, c’est le même raisonnement, tous ces facteurs agissent sur la carrière d’un entraîneur. Vous lui ajoutez, cependant, le charisme et le savoir-parler (ou savoir-magouiller dans quelques cas !), car un entraîneur de basket, c’est aussi quelqu’un de présentable qui s’habille bien et qui parle bien aux médias. Contrairement au volley-ball ou au handball, le début des années 90 et l’éclosion de la «Dream Team» aux JO de Barcelone et de la NBA ont fait que le basket-ball est associé à l’image, à l’esthétique et au spectacle, avant la compétence technique. Notre basket-ball, riche de ses traditions, l’est aussi en entraîneurs et en compétences. Sauf qu’on a des niveaux hétérogènes et des cursus complètement distincts. Les profils d’entraîneurs disponibles sont si divers que l’on peut s’y perdre. Il y a les anciens et les moins anciens, les ambitieux et les blasés, les actifs et les déconnectés, ceux qui se recyclent et ceux qui stagnent au basket des années 80… Bref, vous en avez de toutes les couleurs, côté entraîneurs tunisiens ; le résultat est le même : ce sont presque les mêmes visages qui tournent à chaque intersaison. Même s’il y a un potentiel très intéressant en ce qui concerne l’école tunisienne, les dirigeants des clubs tunisiens nous disent souvent (et ils le font discrètement et pas en public) qu’ils préfèrent enrôler un entraîneur étranger au lieu d’un Tunisien. Ils vous disent que l’entraîneur étranger est plus disponible et collabore mieux avec ses dirigeants et ses joueurs. C’est ce que certains dirigeants disent, la réalité dit autrement.
La plupart des entraîneurs qui exercent sont tunisiens. Un vrai choix  ou faute de mieux?

Le rôle des anciens
Nous avons parlé, il y a une semaine, d’«ancienne école dépassée par les évènements», et ça a fait polémique dans les milieux du basket tunisien (tant mieux, ça prouve qu’on nous lit encore!).
Et comme il y a et il y aura toujours de «mauvaises langues», et des gens qui vivent de «tensions» et de «bras de fer», les propos prennent une autre tournure. Oui, nous avons une ancienne école en Tunisie, mais ce n’est pas péjoratif. Cette ancienne école a servi et sert toujours le basket. Elle comprend des monstres du basket qui ont fait et qui font les beaux jours du basket tunisien. A commencer par Ridha Laâbidi (pour qui nous avons une grande estime), l’homme aux titres et à la longue expérience, sans oublier Mustapha Bouchnak, Abouda Ben Brahim, Ali Karabi, Mohamed Toumi, Mohamed Zaouali, Kais M’rad, les frères Senoussi, Habib Cherif, etc. Dans cette classe d’entraîneurs, il y a ceux qui ont raccroché, d’autres qui n’ont pas préféré se mettre à l’heure au basket moderne, et bien sûr ceux qui ont choisi la planification et la formation. Cette catégorie d’entraîneurs a un rôle capital, dans le sens  où ils ont un énorme vécu qu’ils peuvent transmettre aux entraîneurs actuels. On leur reproche une seule chose : ils n’aiment pas (pas tous!) qu’on leur adresse une critique ou qu’on leur fasse la moindre remarque.
A côté de ces entraîneurs prestigieux, il y a une génération d’entraîneurs montée au créneau depuis la fin des années 90. Dans cette catégorie, il y a eu diverses fortunes. Entre succès et échecs, entre chance et malchance, l’histoire retient bien que Adel Tlatli a accompli le meilleur parcours après un temps assez conséquent où il a progressé pour devenir ce qu’il est aujourd’hui. Dans ce palier d’entraîneurs, il y a Monem Oune qui s’installe confortablement après le doublé gagné avec le CA. Abdessattar Elloumi, Sami Husseïni, Mounir Nefzi, Walid El Gharbi, Ryadh Ben Abdallah, Nidhal Abdelkarim, Outaîl Ouij, Samir Bouden, Khalil Ben Ameur, Kacem Ouerchefani, Zouheïr Ayari, Sami Chaouch... sont aussi des gens compétents ayant chacun des qualités. Qu’est-ce qu’on leur reproche?
Un manque d’ambitions parfois, ou une obsession de jouer pour les titres quitte à plonger dans le jeu des coulisses, mais faut-il reconnaître aussi que ce sont des personnes qui n’ont aucune garantie ou instance qui les protègent. Que de fois, ils sont remerciés par de pseudo-dirigeants. Combien d’années, ils étaient obligés d’excercer dans le noir à cause d’un ridicule décret heureusement annulé par Tarak Dhiab. Faute d’appui fédéral en matière de recyclage et de suivi, ces entraîneurs doivent compter sur leurs propres moyens pour se recycler. Ils peuvent compter ainsi sur un autre entraîneur tunisien que nous n’avons pas cité avant, mais qui donne beaucoup au basket tunisien.
C’est Mounir Ben Sélimène, DTN aux Emirats Arabes Unis, qui, ne l’oublions pas, a formé l’équipe U19 en 1999, celle qui regroupait Kechrid, Sélimène, Maoua et les autres futurs champions que vous connaissez. Vous avez vu, nos entraîneurs ont du mérite, malgré tous leurs défauts. Mettons-les en confiance !