29 août 2013

MALI : Afrobasket masculin 2013 : LES AIGLES SAUVENT L’HONNEUR

L’HONNEUR
PHOTO UNEEn battant le Burkina Faso sur le fil (71-70) après prolongation lors du match de classement, le capitaine Modibo Niakaté et ses coéquipiers quittent la compétition sur une bonne note
Après leur élimination en huitième de finale par l’Angola, les Aigles jouaient hier leur match de classement contre le Burkina Faso. Cette rencontre était très importante pour les deux formations qui voulaient chacune gagner ce match pour non seulement sauver l’honneur mais aussi avoir un classement honorable dans cette 27ème édition de l’Afrobasket masculin. Les Burkinabé entament ce match par une défense en zone compacte et prennent rapidement l’avantage. Quant aux Maliens, ils se montrent maladroits aux tirs aux trois points. D’autant plus qu’à l’intérieur de la raquette, les Burkinabés sont aussi présents. Ils placent un écart de 9 points à la fin du premier quart temps 11-20. Au deuxième quart temps les Maliens se montrent impatients. Ils ne vont pas au bout de leur possession de balle et essayent des tirs forcés. Et en défense, ils ne sont pas solidaires. Malgré tout, ils vont profiter d’une défense burkinabé devenue friable pour revenir à quelques points de leurs adversaires 16-20. Les Aigles qui voulaient remporter ce derby ouest africain vont multiplier les shoots pour aller à la pause avec un score de parité 28-28. Au retour des vestiaires, les joueurs de José Ruiz commenceront comme ils ont terminé à la mi-temps. N’ayant plus de solutions face à une équipe malienne exerçant toujours le pressing en zone, les Burkinabés multiplient les pertes de balles (25) et les tirs précipités. Le Mali dominera le troisième quart temps 49-47. Déjà avec un effectif réduit (seulement 8 joueurs car deux ont été disqualifiés et deux autres malades ndlr), les Aigles seront à nouveau en infériorité numérique puisque les deux pivots Mohamed Tangara et Lassana Touré vont abandonner leurs partenaires pour avoir commis chacun 5 fautes, synonymes d’expulsion. C’est avec une défense complètement réduite que les poulains de José Ruiz vont attaquer le dernier quart temps. Malgré le pressing de Moussa Ouattara et ses coéquipiers, les Maliens vont arracher la prolongation en établissant la parité au dernier moment 65-65. C’est finalement lors de la prolongation que les deux équipes seront départagées. Les Aigles gagneront sur le fil 71-70 et sauvent ainsi l’honneur. « Cela faisait quatre sorties que nous avons du mal à rentrer dans les matches, c’est dû à un déficit de concentration et cela fait mal de cravacher pour revenir toujours dans le match. Face au Burkina Faso, après un début difficile, nous avons opté pour une «zone press » qui les a beaucoup gênés. C’est une belle victoire, et nous sommes contents au moins de sauver l’honneur. Je suis très heureux que les joueurs qui ont plus d’expérience (Modibo Niakaté et Mohamed Tangara ndlr) aient pris le match en main pour donner le meilleur d’eux même», a commenté José Ruiz. Modibo Niakaté a été élu meilleur marqueur du match avec 20 points Les Aigles quittent la compétition sur une bonne note en gagnant leur dernier match. Mais l’arbre ne doit cacher la forêt. Ce succès ne doit pas faire oublier tous les problèmes qu’a rencontrés cette équipe au cours de la compétition. Comme on le sait, on apprend plus des échecs que des succès. Cette participation a été un échec, elle doit donc servir de leçons pour les prochaines épreuves. Sur le parcours des Aigles dans cette 27ème édition on peut retenir plusieurs choses qui n’ont pas marché et qui doivent être corrigées dans l’avenir pour permettre à l’équipe d’aller le plus loin possible dans les prochaines éditions. D’abord, le premier responsable de la mauvaise performance des Aigles n’est autre que la Fédération malienne de basketball, pour deux raisons. La première est qu’elle n’a pas été capable de mettre en place une politique forte pour convaincre les joueurs valables de revenir à la sélection nationale. Parmi ces joueurs, on peut citer Amara Sy, Samou Traoré pour ne citer que ces deux. Ensuite, il y a ce problème de préparation et de prime qui a bouleversé l’équipe pendant la compétition. « Nous avons fait une bonne préparation en France avant d’aller disputer un tournoi au Sénégal. Mais à notre retour à Bamako, nous avons été hébergés dans un hôtel de la place où tous les joueurs sont pratiquement tombés malade. Ensuite, on devait poursuivre la préparation à Ouagadougou. Cette étape a été annulée au dernier moment faute de moyens financiers. Mais le problème est que si on a annulé cette phase on devait en faire une autre à Bamako. Malheureu-sement le premier jour on est venu au pavillon pour s’entraîner, ils étaient en train de réparer le plancher. Le deuxième jour on a encore rencontré d’autres problèmes qui nous ne permettaient pas de s’entraîner dans les bonnes conditions. Finalement on était obligé de jouer des matches amicaux contre les équipes de la place. Donc c’est pour dire qu’après les deux premières phases de préparation, on a commencé à rencontrer des difficultés qui se sont d’ailleurs poursuivies jusqu’à la phase finale », expliquera le capitaine des Aigles, Modibo Niakaté. Côté Fédération, on se dit serein et toujours optimiste pour les prochaines éditions mais tout en améliorant la politique. Selon Mady Moussa Doumbia, il y a une défection collective des joueurs talentueux pour des raisons qu’on ignore jusqu’à présent. Donc l’entraîneur des Aigles, José Ruiz était dans l’obligation de chercher d’autres jeunes qui ont été complétés par certains joueurs locaux (Ibrahim Chérif Haïdara, Abdrahamane Maïga et Boubacar Sidibé tous du Stade Malien ndlr). « Maintenant pour les perspectives, on est obligé de se tourner vers la filière américaine. Vous savez, on a beaucoup de problèmes avec les joueurs évoluant en Europe. Mais le hic avec les joueurs évoluant aux USA est qu’à chaque fois qu’on besoin d’eux, ils sont dans des changements d’écoles ou de clubs. Malgré toutes ces difficultés on est obligé de compter eux pour avoir une équipe plus compétitive et plus performante. A cela aussi s’ajoute la formation des joueurs locaux qui seront dans le futur capables de rivaliser avec les joueurs expatriés. Mais des observateurs ne partagent pas ce point de vue de la Fédération. Pour eux, il doit y avoir d’abord une réorganisation au niveau de la Fédération qui a failli complètement à son devoir d’autorité. « Quand les joueurs performants décident à chaque compétition de ne plus venir à l’équipe nationale c’est qu’il y a toujours des problèmes au sein ou autour de la sélection. Ensuite comment comprendre qu’on amène des joueurs locaux et qu’il n’y a aucun joueur de l’équipe championne du Mali (il fait référence au Réal ndlr). Ce n’est pas à deux mois de la compétition qu’on prépare l’Afrobasket. Depuis aujourd’hui on doit définir les prochaines missions et surtout mettre à la disposition de la direction technique et de l’encadrement technique tous les moyens nécessaires pour réussir une mission africaine comme les éliminatoires et la phase finale en cas de qualification », analyse un confrère. Ce journaliste se demandera ensuite à quoi a servi la politique de formation de base et de détection des jeunes talents dans les conférences si on ne donne pas la chance aux joueurs locaux de s’exprimer. Notre confrère plaide pour un renforcement de capacité des différents acteurs locaux (entraîneurs et joueurs). « Si ça ne tenait qu’à moi on ne prendra que deux joueurs (Namory Boundy et Ibrahim Chérif Haïdara ndlr) dans cette équipe et on laisse tous les autres », tranche-t-il.
Envoyés spéciaux D. COULIBALY A. SISSOKO