30 juillet 2010

RD CONGO : Président de la Fédération de basket-ball du Congo, Boni Mwawatadi : « Je prends l’engagement solennel d’éradiquer la violence dans le bas

Le basket-ball est l’une des disciplines sportives pratiquées en République démocratique du Congo. Durant le cinquantenaire, la balle au panier, comme on l’appelle généralement, a su procurer aux filles et aux fils de ce pays la satisfaction grâce aux prouesses de ses athlètes (féminins et masculins) qui ont dominé en un moment donné la scène africaine et zonale. En remportant des coupes continentales et sous-régionales.

En cette fin du premier cinquantenaire, nous avons approché le président de la Fédération de basket-ball du Congo (Febaco), M. Boni Mwawatadi Banjila. Nous lui avons posé quelques questions auxquelles il a répondu avec beaucoup de franchise et de précision. Voici l’essentiel de l’interview qu’il a bien voulu nous accorder.

L’Avenir : Monsieur le président, vous êtes un opérateur sportif depuis de longues années, spécialement en basket-ball. Vous venez de débuter votre deuxième mandat en tant que président de la Febaco. Dites-nous l’état de santé du basket-ball en cette fin du premier cinquantenaire de la Rdc.

Boni Mwawatadi : Le basket-ball congolais souffre de beaucoup de maux du mouvement sportif congolais, c’est-à-dire du manque d’infrastructures, de sponsors privés, de motivation pour la jeunesse… Il y a aussi – et c’est très important – la carence d’encadreurs bénévoles qui peuvent apporter ce que les sponsors privés ne peuvent pas faire. Les encadreurs bénévoles apportent non seulement les moyens financiers mais aussi et surtout un encadrement moral efficace. Toutefois, en dépit de tout ce que je viens d’évoquer, le basket-ball congolais essaie de garder la tête au-dessus de l’eau. Au sujet des encadreurs bénévoles, souvenez-vous qu’il y a une certaine époque, il y a eu des grands dirigeants qui s’étaient sacrifiés pour la promotion de cette discipline. Il faut avouer que maintenant, cette race de dirigeants est en voie d’extinction. Ils sont devenus très rares. Cette situation, on la vit partout : en football et dans d’autres disciplines sportives. Ici, je précise qu’il s’agit des dirigeants de clubs.

Les décennies précédentes étaient marquées par l’apothéose des grandes vedettes de la balle au panier telles que les Lingenga, Petit Poisson, Nguya et autre Mutombo Dikembe. Puis, brusquement, il y a eu une baisse drastique, une sécheresse dans les performances. Qu’est-ce qui justifie cette situation ?

Souvenez-vous qu’à une certaine époque, vers les années 80, il y avait de grands dirigeants qui incarnaient pratiquement certains clubs. Ils formaient des joueurs, les encadraient et veillaient à leur promotion. Des sponsors comme la BAT, la CMZ, Auxeltra-Béton, Chanic, … étaient d’un apport financier et matériel important. Tous ont disparu. Quant aux vedettes, aux stars de la balle au panier, ce n’est pas la Fédération, la Ligue ou l’Entente qui les produit. Ce sont plutôt leurs clubs, leurs entités de base. La fédération ne récupère ou ne sélectionne que les meilleurs d’entre eux du moment. Tant qu’il n’y a pas de grands dirigeants qui se sacrifient pour la promotion des clubs, il ne peut y avoir évolution de la discipline sportive.

Deux de nos compatriotes, en l’occurrence Dieudonné Mabusa Eseka et Juvénal Lufuma occupent les sommités du basket-ball africain. Le premier comme président de la Fiba/Afrique et le second comme président de l’Afaba/Zone IV. Que peut attendre la Rdc de la promotion de ses deux fils ?

Ce que la Rdc peut attendre de l’élévation de ses fils au niveau de la Fiba/Afrique ou de l’afaba, c’est avant tout en termes d’honneur, de prestige pour notre pays. L’image, l’honneur, le prestige de la Rdc sont renforcés avec la présence de M. Dieudonné Mabusa Eseka à la présidence de la Fédération internationale de Basket-ball/Afrique ainsi que celle de M. Juvénal Lufuma porté à la présidence de la zone IV. Ce dernier est l’un des 7 vice-président de la Fiba/Afrique. Il faut reconnaître qu’au niveau où ils sont, ils ne s’appartiennent plus et travaillent pour l’ensemble du continent. Ils ne peuvent favoriser quelques pays, fut-il leur pays d’origine. Nous espérons que les années à venir, d’autres Congolais se joindront aux deux premiers cités. Les Congolais méritants pourront faire partie de la Fiba/Monde. Certes, on compte quelques compatriotes membres des commissions spécialisées de la Fiba, de l’Afaba zone IV. Nous avons le droit d’aspirer à une présence congolaise beaucoup plus consistante.

A l’orée du 2è cinquantenaire, si l’on vous demandait de faire des projections jusqu’au centenaire de la Rdc, quels sont les éléments essentiels qui constitueraient le socle de la restructuration du basket-ball ?

Au cours du cinquantenaire qui s’achève, le basket-ball de la Rdc a été présent tant sur la scène zonale, continentale que mondiale à travers ses clubs représentatifs, ses équipes nationales et même en terme d’individualités comme Mutombo Dikembe à la NBA qui se sont distingués de par le monde. Les Léopards dames ont été sacrées plusieurs fois championnes du continent ou de la zone. Nos clubs sont montés deux fois sur le podium continental des clubs. Tel est le cas de Bc Tourbillon qui a été également par deux fois champion de l’Afrique centrale Nos filles en équipes nationales toutes catégories confondues ont eu à glaner des titres, à enlever trophées et médailles d’or, d’argent et ont participé plusieurs fois aux compétitions mondiales telles que les Jeux Olympiques et championnats intercontinentaux, notamment en qualité de représentants de l’Afrique. Tout cela grâce à l’encadrement des autorités du pays et des hommes et des femmes de bonne volonté habitant la Rdc.

Les 50 ans à venir seront certainement meilleurs nous l’espérons de tout cœur avec la bonne volonté du chef de l’Etat qui s’est résolu à poser les bases sur le plan des infrastructures. Car, il ne faut pas oublier que les cinq chantiers est avant tout une philosophie, un état d’esprit. Ils ne peuvent être réalisés que par chacun des Congolais qui doit se sentir concerné et qui doit être à même à matérialiser cette philosophie du chef de l’Etat. Cela dit, cette vision doit être l’affaire des individus et des groupes d’individus qui participent à leur réalisation.

Avez-vous une préoccupation que nous avons oublié d’évoquer ?

Oui, le problème de la violence dans nos installations sportives me préoccupe au plus haut point. A Kin chez les dames, le championnat s’est clôturé en beauté. Il n’a pas été de même chez les hommes où deux clubs ont été disqualifiés en quarts de finale. Pour moi, responsable n° 1 du basket-ball national, la violence n’a pas son chapitre en sport en général et en basket-ball en particulier. Je veux faire comprendre aux dirigeants et aux supporters qui sont à l’origine du déclenchement de la violence dans les installations sportives ou en dehors d’elles qu’ils posent toujours préjudice à leurs équipes, lesquelles perdent tous les efforts consentis en une saison. Ainsi donc, les sacrifices financiers, les efforts techniques et physiques de l’année sont annihilés en un seul match de violence. Ils doivent prendre conscience que la violence ne rime à rien, que désormais tout acte de violence sur l’adversaire ou sur les officiels ne sera plus toléré. Nous prenons l’engagement solennel d’éradiquer ce fléau quel qu’ en soit le prix.

Propos recueillis par Denis Lubindi et Fernand Mukaku Lalabi Muke
http://www.groupelavenir.cd