26 février 2008

SENEGAL : Ousseynou Ndiaga DIOP (Dtn de basket) : ‘Il ne faut pas s'alarmer sur le cas Adidas’

Ousseynou Ndiaga Diop, le nouveau directeur national du basket au Sénégal de passage à Louga, est largement revenu avec la presse sur les prérogatives de sa nouvelle fonction, sur les difficultés du basket et sur le cas Abdourahmane Ndiaye qu’il dit regretter sans pour autant s’alarmer.

Wal Fadjri : Vous venez d’être nommé à la tête de la direction technique nationale de basket au Sénégal, alors que le monde sportif a fini de constater le recul de cette discipline. Que peut-on attendre de votre nomination ?

Ousseynou Ndiaga Diop : J’ai bénéficié de la confiance des autorités du basket pour prétendre diriger le basket de mon pays, dès lors que Maguette Diop qui en assurait le fonctionnement, a préféré choisir son ancien poste d’entraîneur national. Ainsi, je souhaite être à la hauteur des objectifs qu’on m’a assignés. La mission est exaltante, car il faudra s’attendre à des difficultés par rapport à la situation qui prévaut actuellement dans le basket de mon pays, parce que nous sommes à la recherche d’un titre depuis des années… Par rapport à la petite catégorie aussi, la mission de reconstruction est là. Ce sont des chantiers très importants qui auraient pu se définir en termes d’activités comme la prise en charge de la petite catégorie qui est un élément important de la formation, la formation des cadres, la valorisation de nos entraîneurs, de nos compétences de manière à pouvoir crédibiliser la profession d’entraîneur au Sénégal. En somme, nous devons faire en sorte que le basket sénégalais puisse se jouer partout sur le territoire, pour arriver à élargir la carte géographique du basket-ball sénégalais. Ce sont là des chantiers très importants qui nécessitent la contribution de tout le monde aussi bien des techniciens que des administratifs parce que c’est à partir de ce moment qu’on pourra entrevoir des lendemains meilleurs.

Wal Fadjri : Comment analysez-vous le recul qu’a connu le basket sénégalais et qui le positionne à un rôle de simple participant aux joutes internationales ?

Ousseynou Ndiaga Diop : La notion de recul est un peu aléatoire… Pour certains, c’est un recul mais, à mon avis, ce sont les pays qui ont progressé. Je prends l’exemple du Mali qui a ravi la vedette au Sénégal en féminin. A partir de ce moment, on peut penser à un recul, mais je crois que le Sénégal a encore sa place dans le basket féminin, car une médaille d’or aux Jeux africains d’Alger et une médaille d’argent en coupe d’Afrique n’est pas une mauvaise chose. Au niveau des garçons, quelques errements dans le management, dans la préparation ont conduit aux résultats que vous savez. Mais le principal problème du basket sénégalais, c’est qu’il faut mettre à contribution toutes les ressources qu’elles soient techniques, financières et matérielles. Si on y arrive, nous pourrons aller de l’avant. Nous sommes également victimes de l’exode de nos joueurs qui n’en peuvent plus de rester au Sénégal faute de conditions qui pourraient leur permettre de s’assumer. Or, tant que le basket sénégalais ne peut pas avoir une politique de prise en charge qui puisse faire en sorte que les joueurs aient la possibilité de rester et de gagner leur pain, nous serons toujours confrontés à des problèmes Aujourd’hui, ce sont les jeunes, à peine formés, qui empruntent les chemins de l’exode. Dans ces conditions, il est difficile d’avoir un basket stable. Tout le mérite des entraîneurs sénégalais se voit à travers les produits de leur formation et ils sont très nombreux à partir Il s’agit de travailler dans un cadre qui soit favorable à l’insertion de jeunes, à leur motivation à rester au pays. Il faut qu’on prenne le taureau par les cornes en commençant par une attention particulière à l’endroit des jeunes. C’est ainsi qu’on doit faire en sorte qu’on puisse développer le basket à la base, renforcer la prise en charge des entraîneurs en augmentant les formations. La direction va s’atteler à trouver les moyens de faire retrouver au basket son lustre d’antan.

Wal Fadjri : On a beaucoup épilogué sur le retour d’Adidas. Finalement, il a définitivement tourné le dos à l’équipe nationale du Sénégal. Comment avez-vous réagi à cette nouvelle ?

Ousseynou Ndiaga Diop : Vous avez appris certainement comme moi, à travers la presse, qu’Abdourahmane (Ndiaye) a été recruté comme entraîneur des moins de 20 ans au niveau de la Direction technique nationale française. Je le constate pour le regretter, car nous aurions aimé pouvoir profiter du vent de compréhension et de résolution du conflit qu’il y avait entre lui et ses employeurs, pour le faire revenir. Mais le constat est là… Toutefois, il ne faudrait pas s’alarmer pour autant, car le Sénégal dispose de suffisamment de cadres qui ont besoin simplement d’être mis en confiance, d’être motivés, d’être crédibilisés… Ce que l’on accepte pour un entraîneur étranger, pourquoi ne le ferait-on pas pour un entraîneur local qui, mis dans les conditions acceptables, peut faire autant que l’expertise étrangère. Je crois que c’est la voie qu’il faut suivre en faisant confiance aux entraîneurs sénégalais qui, en plus de leur savoir-faire, n’ont rien à envier aux autres. Leur patriotisme et leur sénégalité sont autant de gages de sécurité. Depuis que le basket existe au Sénégal, l’expertise locale nous a valu des satisfactions, sans contre-partie financière et sans prise en charge. Il est temps pour nous de s’attacher les services de l’expertise sénégalaise et de ne pas s’alarmer sur l’absence d’Abdourahmane….

Ama DIENG