21 janvier 2008

SENEGAL : ALIOUNE BADARA DIAGNE, PRESIDENT DE LA FEDERATION : « Dire que le basket sénégalais est malade est un peu excessif »

« Dire que le basket sénégalais est malade est un peu excessif et comme on le dit, tout ce qui est excessif est insignifiant. Les dirigeants de la fédération sont des incompétents qui ont des problèmes économiques, je ne réponds pas à ce jugement de valeur, à ces procès d’intention. Nous remercions Dieu qui nous a pourvu de moyens de subsistance. Au sein du bureau de la fédération, nous sommes six (6), il n’ y a qu’un seul étudiant, tous les autres cinq (5) membres travaillent. Pour nous, gérer le basket est une activité connexe à notre travail. Tandian est libre d’apprécier mais dans mon activité normale d’administrateur civil, il n’est pas outillé pour apprécier ma compétence ».

Inutile de vous le préciser, Alioune Badara Diagne, le président de la fédération de basket qui n’a pas l’habitude de ruer dans les brancards, est dans tous ses états. La raison de son courroux est toute simple, les sorties dans la presse de Baba Tandian , Serigne Saliou Mbacké Decasa , Fatou Kiné Ndiaye et autres Pape Moussa Touré du collectif des anciens basketteurs(Cbs) qui vont à l’assaut de la fédération . S’il reconnaît à tout Sénégalais en général et en particulier à des anciens basketteurs de « porter un jugement » sur cette discipline, il se dit très étonné de ces critiques pour deux raisons .Un : « Moi, ce que je peux dire, c’est que je suis surpris qu’ils aient attendu la défaite du Sénégal en finale (NDLR : du 20è championnat d’Afrique féminin des nations le 30 septembre à Dakar) pour trouver des maux au basket et vouer aux gémonies la fédération alors qu’ils disent que le Cbs existe depuis 1998.Où étaient-ils depuis 9 ans ? Deux :La deuxième surprise c’est que le noyau dur du Cbs, Fatou Kiné Ndiaye et Pape Moussa Touré ont tressé des lauriers à la fédération dans une émission diffusée par la Rts, 48 heures avant la finale ». Le premier responsable de l’instance dirigeante du basket sénégalais est d’avis « qu’il faut dire que 2007 n’a pas confirmé les résultats de 2005. Mais quand on arrivait à la fédération en 2005, le basket n’était plus sur les podiums. Nous avons réussi à nous classer 2è en championnat d’Afrique aussi bien chez les filles que chez les garçons. Pour 2007, on a chuté terriblement en Angola (Ndlr 9è au Can).

Pour les filles, nous avons gagné la médaille d’or des Jeux Africains (Ndlr en juillet à Alger) et à Dakar, nous avons loupé l’occasion de reconquérir le titre. Nous allons travailler pour respecter nos engagements, nous allons nous mobiliser pour gagner en 2009. Dire que le basket sénégalais est malade est un peu excessif et comme on dit, tout ce qui est excessif est insignifiant ».

Selon Alioune Badara Diagne, le fonctionnement de la fédération ne peut pas s’apprécier à l’aune des résultats des équipes nationales. « Ce qui arrive au basket, c’est exactement ce qui arrive au football. Nos équipes nationales sont composées de joueurs qui évoluent à l’extérieur ». Pour lui, le développement du basket « se fait au niveau des clubs, des ligues et de la fédération avec l’organisation de compétitions régulières, championnat et coupe et le développement de la petite catégorie ». D’ailleurs, il annonce qu’un plan quadriennal sera envoyé au ministère des sports. »Les résultats des « équipes nationales sont le prisme déformant de la réalité du basket » affirme t-il avec force. »Tous les maux que dénonce le Cbs ne sont pas nouveaux par rapport aux conclusions des journées nationales de concertation nationale qui ont poussé le ministre d’Etat, ministre des sports, Youssoupha Ndiaye, à nous confier le basket ».

Quand Tandian et ses amis promettent de drainer davantage d’argent pour que « les clubs ne connaissent plus la famine », le président de la fédération répond tout de go « Les moyens additionnels pour le basket, c’est la sponsorisation, le mécénat et le fruit de la coopération internationale. Il ne faut pas tromper le peuple. La fédération n’a aucun moyen pour trouver des réserves foncières et construire des stades. Libre à eux de dire que s’ils sont élus à la tête de la fédération ils payeront eux même leur déplacement. Ce qui est normal, c’est que les dirigeants de la fédération qui se déplacent soient pris en charge par l’Etat. Ce n’est pas un déshonneur. C’est un argument spécieux qui n’a aucune pertinence. » Justement, à propos d’argent, le Cbs et Tandian disent qu’aucun texte ne prévoit que des dirigeants touchent des primes au même titre que les joueuses, le staff technique et médical en se partageant les 23 millions offerts par le chef de l’Etat, Maître Abdoulaye Wade, au lendemain de la défaite des « Lionnes » face aux « Aigles » du Mali en finale du 20è championnat d’Afrique féminin des nations. « Il faut rappeler qu’il y a un système mis en place depuis de nombreuses années sur les conditions d’octroi de prime. Pour le championnat d’Afrique féminin des nations, aucune prime n’a été payée en dehors de ce cadre réglementaire fixé entre le ministère des sports et la fédération.

Quand on a perdu, le ministère nous a octroyé une prime de 23 millions qui ont été partagés entre les membres de la délégation qui étaient à l’hôtel Savana. C’est une prime de consolation. Les primes de victoire sont normées, elles ne sont payées qu’aux joueuses et à l’encadrement technique et médical. Il faut que les gens cessent de faire de l’amalgame. » Et si on cooptait dans le comité directeur de la fédération des membres du Cbs Tandian et compagnie comme ils en expriment le besoin ? « La cooptation relève du ministère. On est ouvert à toute personne désireuse d’apporter un plus au basket. Il faut inviter les uns et les autres à plus d’humilité. Quand on dit qu’on a pas de problème crypto-personnel avec quelqu’un, il ne faut pas le traiter de voleur »,

Propos recueillis par El Hadj Mamadou DIOUF