28 janvier 2006

MADAGASCAR: Lalatiana Razaiarisoa

Lalatiana Razaiarisoa, basketteuse de Bel Air des Seychelles et ancienne internationale, passe ses vacances dans son pays natal. Elle essaie de disséquer les problèmes rencontrés par le sport à Madagascar, un an avant son entrée dans la cour des entraîneurs.
• Comment vous êtes-vous intégrée dans votre club seychellois?
- Vivre à l'étranger n'est pas facile car c'est toujours différent en matière des us et coutumes. Mais avec la tolérance ainsi que le respect de la discipline, je me suis vite adaptée. L'ambiance au sein du Bel Air est d'ailleurs superbe parce que l'équipe accomplit souvent des déplacements dans d'autres pays. Cela intensifie la solidarité entre les joueuses, bien animées par l'entraîneur Robinson Boniface. De plus, mon contrat me convient. Il n'y a pas grand-chose dont j'ai à me plaindre.
D'autant que j'ai quitté Madagascar pour gagner ma vie, le sport ne faisant pas vivre à Madagacar.
• Que comptez-vous faire pour la poursuite de votre carrière, avez-vous l'intention de revenir à Madagascar ?
- Ce n'est pas pour me vanter, mais je reconnais que je suis satisfaite de mon parcours en tant que joueuse. Depuis mon départ de Madagascar pour rejoindre le club de Mont Fleuri, puis celui de Bel Air de Seychelles, j'ai remporté deux fois la coupe de meilleure joueuse lors de compétitions internationales, la première au Rwanda en 2004 et l'autre en Tanzanie en 2001 parmi les sportifs de toutes disciplines confondues. Sans compter le titre national. Maintenant, c'est décidé: place aux jeunes. Je commence à me concentrer sur le coaching vu mon âge -37 ans. Mon voeu le plus cher pour le moment est de partager ce que j'ai acquis. Ainsi, je vais terminer cette saison sportive avec les six compétitions nationales prévues sans en attendre une grande victoire. Revenir à Madagascar reste un point d'interrogation. Cela dépend de la position que j'ai dans mon club aux Seychelles. En ce qui concerne les Jeux des îles de l'océan Indien 2007, je suis prête à défendre les couleurs malgaches si nécessaire.
• Quel est le secret de votre réussite ?
- Il n'y a pas de formule magique. Il faut d'abord aimer la discipline et vouloir la respecter. En outre, quand on accomplit quelque chose, il faut s'y adonner à fond. D'ailleurs, la discipline joue un rôle important, en sport collectif ou individuel car il permet d'améliorer les résultats, de favoriser la compréhension mutuelle.
Il y a ensuite l'entraînement qui doit être suffisant en quantité et en qualité. Le succès l'exige. Moi, par exemple, je m'entraîne deux heures durant et trois fois par semaine. Outre l'entraînement en groupe, le travail individuel est essentiel pour augmenter la performance. Personnelle.
Aussi j’encourage les jeunes à continuer à s'entraîner et à pratiquer le sport. Il suffit de vouloir et on arrive à quelque chose.
La taille est aussi un atout pour réussir, mais elle ne constitue pas une cause d'echec. Madagasar a l'avantage au jeu rapide ainsi qu'à l'endurance.
• Mais quels sont, d'après vous, les problèmes qui freinent le développement du sport à Madagascar ?
- Les sportifs malgaches manquent de motivations malgré l'effort qu'ils fournissent durant la saison. Une chose primordiale à laquelle l'Etat doit s'impliquer car l'athlète ne se bat pas pour son seul honneur, mais pour la nation entière. Pire, faire du sport n'est pas un métier à Madagascar. Les jeunes ne peuvent pas espérer mener une carrière sportive, sinon ils n'auront pas d'avenir. L'Etat ne doit pas se contenter de définir une politique générale, il doit également déterminer une politique sportive. Enfin, le sport ne pourra jamais redorer son blason sans les sponsors et les partenaires.

Propos recueillis par



Soafara Ralaimidona